Baisse, puis hausse : découvrez comment profiter des variations du cours du pétrole

Le pétrole enivre les Bourses
Cécile Chevré

"BP découvre un gisement géant dans le golfe du Mexique". Voici ce que nous apprennent triomphalement Les Echos.

Ce gisement, baptisé Tiber, a sur le papier tout pour faire rêver. Situé à "400 kilomètres au sud-est de Houston", il est évalué à trois milliards de barils.

"Dieu est brésilien", avait déclaré le président Lula à la découverte du gisement Tupi en décembre 2007 par Petrobas [Dans MoneyWeek, Ingrid Labuzan s'est d'ailleurs intéressée à la situation économique du Brésil. Des matières premières à foison et une solide consommation intérieure, voilà les atouts de ce pays. Pour en savoir plus, découvrez l'article d'Ingrid]. Les Américains et BP ont donc de quoi se réjouir, car les caractéristiques de Tiber seraient proches de celles de Tupi.

Une découverte qui a d'ailleurs été immédiatement saluée par les investisseurs : BP a grimpé de 4,26% en Bourse mercredi dernier, le jour de l'annonce de la découverte.

Mais, vous le savez, à MoneyWeek, nous nous méfions des belles histoires. Nous avons donc un peu creusé pour en savoir plus sur ce fameux gisement "géant".

Et creuser s'avérera indispensable à BP pour exploiter Tiber, puisque le gisement se situe sous 1 259 mètres d'eau. Ce qui complique tout de même un peu l'extraction et fait surtout augmenter les coûts d'exploitation du gisement. C'est ce que nous confirment d'ailleurs Les Echos : "Les analystes estiment que BP pourrait récupérer de 20% à 30% du gisement à des conditions économiques viables. Soit de 600 à 900 millions de barils au minimum".

De 600 à 900 millions de barils. Impressionnant...

Sauf que, d'après les estimations faites justement par BP, la consommation journalière mondiale en 2008 s'élevait à 84 millions de barils par jour. Donc, avec son gisement géant, BP dispose une dizaine de jours de consommation mondiale de pétrole en plus. Et d'un peu plus d'un mois de consommation si l'entreprise arrive à extraire jusqu'à la dernière gouttelette de pétrole de son gisement. Il y a-t-il vraiment de quoi justifier les 4,26% de gains de BP ?

Au vu de ce délire boursier, il est clair que la folie sur le pétrole n'est pas prête de finir. Il est vrai que, d'après BP, nos réserves totales de pétrole sont très loin d'être infinies. En 2008, elles ont été amputées de 3 milliards pour tomber à 1 258 milliards de barils, soit environ 42 ans de réserve au rythme actuel de consommation.

On en viendrait presque à espérer que la crise soit encore plus grave et plus durable que prévu, permettant ainsi à la demande de pétrole de continuer sa chute et à nos réserves durer un peu plus longtemps.

Pourtant, malgré la crise, la consommation de pétrole ne peut qu'augmenter dans les années qui viennent, menée par les pays émergents, Chine en tête. En 2009, pour la première fois, la consommation en pétrole des pays émergents a dépassé celle des pays de l'OCDE.

Voici ce que disait Isabelle Mouilleseaux sur le lien entre la Chine et le pétrole dans l'Edito Matières Premières & Devises : "L'industrie chinoise est grosse consommatrice de brut. La Chine est le deuxième plus gros consommateur de pétrole de la planète. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) le sait bien puisqu'elle anticipe une hausse de la demande chinoise de 320 000 barils par jour sur 2010 – soit +4%. Après deux années de contraction de la demande de pétrole, l'AIE nous explique que la hausse de la demande chinoise sera à l'origine de 25% de la hausse de la demande de brut attendue pour 2010. La Chine est le moteur de la hausse de la demande de pétrole." Pour lire la suite de l'article d'Isabelle...

A court terme, nous sommes un peu plus négatifs sur le cours du baril. En premier lieu parce que la Chine traverse quelques perturbations persistantes boursières et financières et que c'est principalement elle qui tirait le prix du pétrole ces derniers mois. Sans le coup de la Chine, le pétrole risque de se retrouver confronté à des fondamentaux pas franchement grisants, comme le confirme Isabelle : "Si le moteur chinois ralentit, le naturel reviendra au galop. Car ce moteur masque une bien triste réalité. Les stocks américains de pétrole sont pleins à craquer, comme jamais ils ne l'ont été auparavant. La demande mondiale de pétrole, hors Chine, est atone, comme anesthésiée."

Une analyse confirmée par Marc Dagher dans MoneyWeek. Il prévoit même une baisse de 20% sur le pétrole. [Un article à lire en intégralité ici...]. Une chute annoncée qui va faire le bonheur des traders sur matières premières. Continuez votre lecture pour découvrir comment ils engrangent les gains loin des marchés actions.

 

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